L’envol du moineau de Amy Belding Brown

L'envol du moineau Amy Bedwin Brown Résumé : Colonie de la baie du Massachusetts, 1672. Mary Rowlandson vit dans une communauté de puritains venus d’Angleterre. Bonne mère, bonne épouse, elle souffre néanmoins de la rigidité morale étouffante qui règne parmi les siens. Si elle essaie d’accomplir tous ses devoirs, elle se sent de plus en plus comme un oiseau en cage. Celle-ci va être ouverte de façon violente lorsque des Indiens attaquent son village et la font prisonnière. Mary doit alors épouser le quotidien souvent terrible de cette tribu en fuite, traquée par l’armée. Contre toute attente, c’est au milieu de ces « sauvages » qu’elle va trouver une liberté qu’elle n’aurait jamais imaginée. Les mœurs qu’elle y découvre, que ce soit le rôle des femmes, l’éducation des enfants, la communion avec la nature, lui font remettre en question tous ses repères. Et, pour la première fois, elle va enfin pouvoir se demander qui elle est et ce qu’elle veut vraiment. Cette renaissance pourra-t-elle s’accoutumer d’un retour « à la normale », dans une société blanche dont l’hypocrisie lui est désormais insupportable ?

Amérique, 17ème siècle.

Mary étouffe dans sa vie auprès de son mari, pasteur, dans leur communauté puritaine de Quaker. Elle se contient presque toujours. Elle suffoque et pourtant garde tête baissée devant son mari. Elle a un petit côté rebelle qu’elle laisse entrevoir notamment quand elle transgresse l’ordre de son mari pour aller aider une jeune fille exclue de la communauté à accoucher, quitte à devoir supporter l’opprobe de tous. Mais elle sait qu’elle a pris la bonne décision : elle le ressent dans son cœur.

La vie s’écoule, puis, c’est le drame : le village est attaqué par les indiens. Les maisons sont incendiées avec les habitants à l’intérieur. Certains, femmes et enfants, sont torturés et/ou sauvagement tués, le village est en fumée, parsemés de cadavres non identifiables. Mary échappe à la mort mais l’ombre de la faucheuse plane encore autour d’elle.

Elle se retrouve esclave chez les indiens. Elle qui a sous ses ordres, des esclaves, découvre l’envers du décor et trouve cet asservissement inacceptable. Bien que le travail soit éreintant, elle s’aperçoit qu’elle est finalement assez libre de ses mouvements, et elle peut errer seule dans la nature. Elle découvre les us et coutumes de ce peuple. Entre refus et acceptation, Mary s’adapte, aidée par James, un indien converti au christianisme qui lui fait comprendre qu’elle a la faculté de s’adapter à son nouvel environnement au lieu de lutter.

Cette immersion parmi les indiens va ébranler ses convictions sur la place des femmes, sur l’éducation, sur Dieu…Comment pourrait-elle un jour retourner au mode de vie de sa communauté Quaker, après avoir goûté à la liberté d’être elle-même ?

Rien que quand j’ai vu cette couverture, je savais que je voulais lire ce roman. Je suis vraiment très sensible aux belles couvertures et je trouve celle-ci particulièrement réussi et très évocatrice des thèmes. De même, je trouve le titre très bien choisi et très « parlant » aussi sur le plan symbolique du petit oiseau qui ouvre ses ailes et va voir plus loin et plus grand.

L’auteure, Amy Belding Brown nous fait découvrir quelques aspects de la dure vie de prêche des Quakers et je dois dire que je me suis retrouvée plongée en apnée dans ce monde via les yeux et le ressenti de Mary. C’est un mode de vie religieux et puritain où la femme et l’enfant n’ont qu’une place réduite et dans lequel la parole de Dieu, le travail et la rigidité sont la ligne de conduite.

J’ai aimé découvrir le personnage de Mary et son évolution, son éveil à la vie, son rapport à la nature qui l’amène à s’interroger sur Dieu et ses enseignements. Elle remet en question tout ce pourquoi elle a vécu, toutes ses croyances. J’aurais aimé que sa vie chez les indiens dure plus longtemps et surtout que son rapport avec les indiens notamment sur le plan des sentiments soit plus développé car, en bonne amatrice de romance que je suis, je suis un peu restée sur ma faim. Le personnage de James tient une grande place dans l’histoire et est un ami fidèle dans la nouvelle vie de Mary, de même que certains indiens.

Avec L’envol du moineau, nous assistons malheureusement au déclin d’une culture mais aussi à la découverte de soi et à l’acceptation de l’Autre (nous sommes tous l’autre de quelqu’un). Cette histoire est tirée de l’histoire vraie de Mary Rowlandson ce qui donne un sens plus fort à la lecture. Mon cœur a d’ailleurs suivi le rythme de celui de Mary.

Je ne connaissais pas  l’auteure de cette merveille. J’ai aimé sa façon de décrire les lieux, les personnages et surtout sa façon de nous amener à ressentir les mêmes émotions que Mary et de voir les choses à travers son regard. L’auteure n’épargne toutefois pas le lecteur avec les scènes de violence qui sont particulièrement dures et réalistes. L’envol du moineau est son premier livre publié en France.

Je remercie Léa du Picabo River Book Club et les éditions Le Cherche Midi pour cette magnifique lecture.

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